Origine des contrats futures sur taux d'intérêt

D’importantes fluctuations des niveaux de taux d’intérêt en étaient la conséquence, et cette volatilité a créé d’énormes problèmes aux institutions financières, qui se sont vus confrontés à de fortes variations de la valeur de leurs actifs et de leurs engagements, dont le prix dépendait fortement du niveau des taux d’intérêt.

Un moyen de gérer cette situation a vu le jour à Chicago, où, en 1975, fut créé le premier contrat future sur taux d’intérêts, portant sur des obligations hypothécaires américaines GNMA. D’autres contrats lui ont rapidement suivi.

Définition d’un contrat future sur taux d’intérêt

Un contrat à terme, ou future, de taux d’intérêt est, comme tout contrat à terme ferme, un engagement de livrer, ou de prendre livraison, d’une quantité déterminée d’un produit connu, à une date stipulée dans le contrat et à un prix fixé lors de la transaction.

Les contrats futures sur taux d’intérêts peuvent être divisés en deux grandes familles, aux caractéristiques distinctes : les contrats de taux d’intérêt court terme et les contrats de taux d’intérêt long terme.

Les futures sur taux d’intérêt à long terme

Les contrats à terme sur taux d’intérêts à long terme sont construits sur le principe d’un titre fictif, qu’on appelle également emprunt notionnel. Ces titres abstraits, qui n’existent pas sur les marchés obligataires au comptant, sont définis par un montant nominal, un taux de coupon facial et une maturité représentative de l’ensemble des titres livrables.

Les contrats futures long terme sont cotés, comme les obligations, en pourcentage du pair, et prévoient à échéance une livraison physique du sous-jacent.

Les futures sur taux d’intérêt à court terme

Les contrats de taux d’intérêts à court terme en revanche, portent chacun sur un instrument unique du marché monétaire. A l’opposé des contrats à long terme, ils se négocient sur la base du taux de rendement, et non pas du prix de l’instrument sous-jacent. Lors de la cotation du contrat, ce taux est exprimé sous forme d’indice égal à 100 moins le taux de rendement. Ainsi, pour un taux de rendement de 1.50%, le future sera coté (100 – 1.50) = 98.50.

Caractéristiques communes des contrats futures sur taux d’intérêt

Standardisation

Les contrats sont standardisés, tant au niveau du type d’actif financier livrable qu’au niveau de la quantité négociée et des dates de livraison. Ce haut degré de standardisation fait des contrats futures des produits extrêmement liquides.

Cotation

Chaque contrat possède une unité de variation de prix minimale (le tick) et dans certains cas une bande d’amplitude maximale journalière, au-delà de laquelle les transactions sont suspendues.

Chaque contrat à terme de taux d’intérêt est coté, simultanément, sur plusieurs échéances. Ainsi, les opérateurs peuvent couvrir leurs positions au comptant à des horizons plus ou moins lointains, et ils ont également la possibilité de réaliser des arbitrages entre différentes échéances du même contrat.

Marchés

Les contrats futures se négocient exclusivement sur des marchés organisés, tels le CME aux Etats-Unis ou l’Eurex et le NYSE LIFFE en Europe. Ces marchés se portent contrepartie pour toute opération sur ces contrats, et gèrent, via leur chambre de compensation, tous les aspects d’appels de marge, de dénouement des positions et de règlement et livraison en fin de vie des contrats.

Règlement et livraison

Le contrat peut, si la position n’est pas débouclée avant l’échéance, soit donner lieu à la livraison effective d’actifs prédéfinis (physical delivery), soit à un règlement en espèces (cash settlement).

La plupart des contrats sur des supports moyen et long terme - comme les contrats Schatz, Bobl, Bund et Buxl - donnent lieu à des livraisons physiques, tandis que les contrats cours – tels le contrats Euribor - relèvent généralement du règlement en espèces, sauf dans les cas de contrats portant sur un titre du marché monétaire, comme les contrats sur les bons du Trésor américain.

La livraison physique (physical delivery)

Lorsqu’un contrat donne lieu à une livraison physique, un certain nombre d’actifs correspondant à certains critères, notamment en termes de maturité résiduelle et de volume émis, lui sont associés comme étant des obligations livrables. L’ensemble de ces titres livrables est appelé le gisement. Chacun de ces papiers est susceptible d’être livré à échéance du contrat, le choix du titre appartient au vendeur.

Le règlement en espèces (cash settlement)

A l’échéance du contrat, a lieu le versement du différentiel de valeur entre le cours d’achat et le cours de compensation du contrat. Du fait du système d’appels de marge, qui ajuste la valeur de la position après chaque séance, le paiement est effectivement étalé dans le temps et n’a pas lieu en une seule fois.

Utilisation des contrats à terme de taux d’intérêt

Couverture

Un contrat de future sur taux d’intérêt est, au départ conçu comme un instrument de couverture, c’est-à-dire qu’il permet d’annuler, ou du moins de minimiser, les risques financiers induits par les fluctuations des taux d’intérêt, en prenant sur le marché à terme une position inverse à celle détenue sur le marché au comptant. En se couvrant ainsi, les gains ou pertes sur les positions d’instruments au comptant résultant des variations de taux d’intérêts sont compensées par des résultats inverses sur le marché à terme.

Trading

Tout comme les instruments au comptant, les contrats à terme permettent de prendre des positions spéculatives sur l’évolution absolue ou relative des taux d’intérêt, afin de profiter d’un mouvement des taux anticipé. Ainsi, l’achat de contrats futures sur taux d’intérêt permet de tirer profit d’une baisse des taux, et la vente, inversement, de réaliser un gain en cas de hausse des taux.

Arbitrage

Contrairement aux opérations de trading décrites ci-dessus, qui impliquent la prise d’une position à risque, les opérations d’arbitrage visent à profiter d’écarts anormaux de prix ou de taux sur les contrats à terme, et à bénéficier ainsi d’un profit sans risque.

On distingue deux types fondamentaux d’arbitrage :

  • L’arbitrage entre le marché comptant et le marché à terme, où l’opérateur achète (ou vend) au comptant un instrument financier et procède simultanément à sa vente (son achat) à terme
  • L’arbitrage terme-terme, où l’opérateur achète (ou vend) un contrat à terme sur une certaine échéance et vend (ou achète) par exemple ce même contrat sur une échéance plus éloignée